Comment photographier les oiseaux

 

1) Les conditions de prises de vue des oiseaux

Pour photographier les oiseaux dans les meilleures conditions, il y a plusieurs aspects et critères à prendre en compte. Voici les points majeurs :

1.1) Le lieu

  • Repérer et observer les lieux pour l’apprendre et le comprendre. Le lieu est-il privé ou public, est-il difficile d’accès en voiture, à pied, … faut-il une barque ou un bateau …, est-il caillouteux, boueux, humide … ? Faut-il des vêtements (au sens large : gants, vestes, pantalons, chapeaux, bonnets …), chaussures ou bottes nous protégeant d’éléments hostiles ? Selon les cas le matériel à emporter devra peut-être se limiter à l’essentiel ou être une charge supplémentaire.
  • Être discret, se déplacer lentement, si possible en tenue se fondant dans le paysage (camouflage). Être patient, calme.

Donc : la discrétion, le calme et le patience sont les atouts majeurs.

Bien comprendre qu’un oiseau ne se laisse pas approcher nous amène au point suivant.

1.2) Le cas particulier des oiseaux

  • Un oiseau dans la nature ne se laisse pas approcher (sauf si on l’attire avec de la nourriture, ce que je ne fais jamais). Il vous remarque souvent de très loin, vous observe s’il vous a vu, reste très peu de temps à la même place. Cependant, certains oiseaux suffisamment habitués à l’humain (dans votre jardin par exemple), ou au contraire ne le connaissant pas ou ne voyant pas en lui de l’hostilité « historique », peuvent être observés et photographiés d’assez près. C’est aussi le cas en période de nidification, bien que dans cette phase les nids et poussins sont très protégés par les parents : j’ai vu des sternes ou des avocettes assez agressives soit envers d’autres espèces ou même entre familles, soit envers les humains…
  • Pour autant, au-delà de ces cas particuliers, dans la « vraie » nature s’approcher à moins de 10 mètres est un petit exploit et pour beaucoup ce sera 15, 20 voire 50 ou 100 mètres. 
  • Les oiseaux se déplacent très vite, se posent quelques secondent et puis s’en vont (bien sûr, je ne parle pas des Manchots empereurs ou des Manchots de Humboldt). Donc tout (vous et le matériel) doit être prêt, opérationnel, en place pour les prises de vue.

Donc : la réactivité est un autre atout majeur.

Par conséquent, et l’on en vient au matériel, voici le nécessaire et suffisant selon moi (toute critique ou expérience est la bienvenue : commentaires)

2) Le matériel pour photographier les oiseaux

  • Un boitier reflex, dans l’idéal avec un capteur un full-frame 24x36mm à 24M pixels ou un très bon 18x24mm à 12 M pixels et pouvant monter haut en ISO ( > 4000) sans trop de bruit.
  • Un objectif à focale longue : minimum 200mm, dans l’idéal un 500mm, avec ou sans autofocus (dans certains cas je ne recommande pas l’autofocus).
  • Un objectif lumineux (donc à rapport F/D le plus petit possible en fonction de la focale), genre f/2.8 pour un 200mm ou f/4 pour un 500mm.
  • Un pied, monopode ou trépied avec tête pendulaire. Pour le trépied, optez pour un trépied à 3 sections en carbone (voir par exemple https://www.jama.fr/boutique/fr/prise-de-vue/trepied-rotule/feisol/ct-3371-648), léger, très résistant et supportant sans problème 25kg de charge. Pour la tête pendulaire, il faut aussi du très fiable mécaniquement pour la garder la plus longtemps possible (voir par exemple https://www.jama.fr/boutique/fr/prise-de-vue/rotules-34/tetes-pendulaires-300). Tout ceci dans le cas où vous utilisez une focale de 400mm et plus. Pour un 200mm, voire un 300mm, il est possible de se passer de pied, mais attention toutefois à la vitesse minimum d’obturation. Généralement, on admet que la vitesse minimum est de l’ordre de 1/focale (par exemple 1/500ème de seconde pour une focale de 500mm). Certes, les systèmes VR permettent de descendre en dessous de ce minimum mais cela ne traitera que les problèmes de « bouger » du photographe notamment en prise de vue à main levée. Mais un oiseau peut se déplacer vivement, être en vol et le VR ne compensera pas grand-chose : ne jamais oublier que c’est la vitesse angulaire donc le déplacement de l’objet, en l’occurrence l’oiseau, dans le champ de prise de vue qui compte.
  • Un téléconvertisseur, ou multiplicateur de focale, peut être utilisé. Il existe des x1.4, x1.7 et x2. Autrement dit, ils augmentent la focale dans le rapport considéré. Par exemple : un x1.4 et un 500mm donneront une focale résultante de 700mm, si c’est un x2 sur le même 500mm vous aurez un 1000mm !
    • Avantage principal évident : vous avez transformé votre 500mm en 1000mm pour environ 400€ ! Ce n’est pas cher vu le prix des optiques à ce niveau.
    • Mais il y des inconvénients dont il faut avoir conscience :
      • Votre optique doit être au top. Sinon vous grossissez ses défauts.
      • La perte de luminosité est d’autant plus élevée que le facteur multiplicateur est important (je n’entrerai pas dans les détails techniques ici). La perte de luminosité se traduit par une ouverture qui va passer par exemple de f/4 à f/5.6 voire f/8 ou plus. Et qui dit perte de luminosité, dit vitesse d’obturation plus lente ou montée en ISO.
      • Il faut savoir qu’à partir de f/8 ou f/11 les systèmes autofocus ne fonctionnent pas toujours bien ou plus du tout.
      • En mode manuel, ce n’est bien sûr pas un souci. Mais une autre difficulté se présente : la « micro mise au point » devient délicate. On peut s’aider du LiveView si le boitier en est équipé (je le recommande) mais à condition d’être sur trépied.

Ce sont des choix à faire.

Voilà. Avec ces quelques conseils préliminaires, vous devriez effectuer vos prises de vue dans de bonnes conditions.

Et, avoir l’œil, déclencher au bon moment, maitriser le cadrage, le décor, etc. tout cela vous appartient. La belle photo c’est le photographe qui la créée, et le matériel n’est là que pour se donner (plus ou moins) les moyens de la réussite.

3) Voici le matériel que j’utilise :

  • Boitier : Nikon D750 ou D300
  • Objectif : Nikkor ED 500mm f/4 P. Une optique remarquable. La mienne date de 2005, ne dispose pas d’autofocus, donc mise au point manuelle en temps réel. Mais avec l’habitude, on arrive à faire des mises au point parfaites (parfois en 2 ou 3 prises, mais bon … avec le numérique on peut se le permettre). Je montre sur le site quelques exemples de recadrage à partir du plein format et la quantité de détails révélés est impressionnante. Bien que ces petits oiseaux (genre linotte mélodieuse) ou même de beaucoup plus grands (Grand Cormoran par exemple) se trouvent respectivement à 20 ou même 50 mètres et plus de mon objectif, il est parfaitement possible de faire une mise au point très précise (patience et rigueur sont de mise pour la photo animalière).
  • A cet objectif, j’ai parfois ajouté un téléconvertisseur x1.4 (je considère que c’est le maximum, j’expliquerai pourquoi dans un autre article) : le Nikon TC-14E II (modifié pour le modèle P).
  • Pieds :
    • Un monopode (pour être très vite en place), j’utilise le SLIK pro-pod 600 très solide qui supporte sans problème les 5 kg que je mets dessus.
    • Un trépied et une tête pendulaire (le top pour la photo animalière) : pour le trépied j’utilise le Feisol Ct-3371 Rapid, il est en carbone et capable de supporter 25 kg !, auquel j’y ai associé la tête pendulaire Wimberley WH-200 II (la rolls de têtes pendulaires dit-on ? Je peux le confirmer : les niveaux de fabrication et de finition sont exceptionnels).
    • Dernier détail qui a son importance : il est indispensable de fixer sur la base du collier de son objectif un dispositif de type ARCA-Swiss : j’ai opté pour le plateau Wimberley P30 (adapté pour le type d’objectif dont je dispose). Une fois fixé à la base de son objectif, on n’y touche plus et quel bonheur lors de la fixation sur la tête pendulaire : ultra simple, ultra fiable et ultra sécuritaire. Et lorsqu’on veut utiliser le même objectif sur son monopode, il suffit tout simplement de fixer sur son monopode (et ensuite on ne touche plus à rien non plus) ce que l’on appelle un étau (sur lequel s’adapte le plateau en question) : j’ai opté pour le Wimberley C-12. Ces systèmes de type ARCA-Swiss évitent de visser et dévisser à chaque changement de pied ou d’objectif ce qui a terme fait souffrir et endommage les pas de vis des pieds ou des platines d’objectifs.